Le masculin ne l’emportera pas!

La langage que nous utilisons façonne nos imaginaires et représente un puissant outil pour borner et façonner notre horizon et nos comportements. Il est un outil central du système patriarcal pour maintenir les femmes dans une position de subordination.

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Un jour, j’ai été collée pour avoir contesté avec force et vigueur (insolence et impertinence selon la maîtresse) cette règle de grammaire absurde et misogyne, que tentait d’enseigner une femme à une classe d’une trentaine de filles…

Après quelques vifs échanges avec la maîtresse qui commençait à perdre patience suite à mes contestations appuyées, de ce qui pour elle était une évidence…

Moi, outrée, d’un air de défi : donc s’il y a un bébé garçon et 100 femmes on dit “Ils” ?

La maîtresse, agacée : Oui, c’est comme ça, le masculin l’emporte sur le féminin.

Moi, révoltée, dans ma dignité offensée, réalisant que ce n’était pas une blague: Quoi?!? Comment!?? Mais c’est complètement ridicule, ça n’a absolument aucun sens! Ce n’est pas normal! Comment un bébé garçon peut compter plus que 100 femmes? C’est n’importe quoi!

La maîtresse, furieuse : rendez-vous immédiatement chez la directrice !!!!!

Ça m’a profondément marquée.

Et j’en ai gardé, chevillé au corps, un profond sentiment d’injustice, de colère et de révolte.

Quand j’ai pris conscience que j’étais la seule à être révoltée face à un tel “enseignement” (dressage) et punie par une femme pour avoir contesté qu’elle enseigne à une classe de filles, dans une école de filles, que le masculin l’emporte sur le féminin, j’ai ressenti un sentiment de décalage avec mes semblables tellement sidérant et vertigineux, que je m’en souviens comme si c’était hier.

J’ai compris beaucoup de choses ce jour-là.

J’avais 6/7 ans.

Et j’ai pu observer la main invisible du patriarcat en pleine action, toujours là, sournoise et silencieuse, qui exerce son emprise sur les femmes sans même qu’il soit besoin de la présence d’aucun homme pour l’exercer.

Une prison autogérée, avec la langue et les mots comme chaînes mentales.

Et j’ai pu constater que toute velléité de rébellion contre cet ordre établi était immédiatement et sévèrement matée.

Oui, j’ai appris beaucoup de choses ce jour-là…

Sur ce sujet passionnant du sexisme de la langue, je vous invite vivement à aller voir l’excellent spectacle de Typhaine D. qui utilise la féminine universelle, avec une inversion fort réjouissante des règles de grammaire…

De quoi faire bien pleurer de rage les mascus! :)

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