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Photo du rédacteurJude D.

Les non-hommes, les hommes et le pouvoir de nommer

Dernière mise à jour : 17 oct.

La redéfinition du mot Femme qu'essaient de nous imposer les transactivistes s'inscrit dans le privilège le plus central et le plus ancien que les hommes se sont arrogé: celui de définir et de nommer la réalité et les choses.


Voir la vidéo à partir de 2'50

La négation de l’humanité des femmes en tant qu’êtres humains à part entière, indépendants et autonomes, tout comme de leur droit à s’auto-déterminer, est un grand classique des sociétés patriarcales.


La négation de notre droit à nous définir par et pour nous-mêmes et non par rapport aux hommes et à leurs besoins y est une constante.


Ce pouvoir créateur de nommer la réalité, les choses qui nous entourent et de leur attribuer une valeur et un sens, qui est l’apanage des Dieux dans tous les grands mythes patriarcaux (Au commencement était la Parole…), les hommes se le sont approprié et en ont fait leur chasse gardée.


Ce pouvoir de nommer a toujours été refusé aux femmes et jalousement gardé par les hommes.

“Aucune transcendance du système masculin n’est possible tant que les hommes ont le pouvoir de nommer. Leurs noms résonnent en tout lieu habité. Comme Prométhée a volé le feu aux dieux, les féministes vont devoir voler aux hommes le pouvoir de nommer, pour en faire, espère-t-on, un meilleur usage.”Andrea DWORKIN

L’homme a ainsi décidé qu’il était l’être humain par défaut, ce qui se traduit par exemple dans la langue, avec le masculin neutre, dans la représentation de l’homme universel ou encore dans les concepts politiques: le fameux “suffrage universel” alors qu’il n’était que masculin.


La règle de la misogynie n° 8 en donne aussi un bon résumé :


“Les hommes sont tout ce qu’ils disent être, les femmes sont tout ce que les hommes disent qu’elles sont”…

Le mouvement transactiviste s’inscrit dans le droit fil de cette logique patriarcale quand il essaye d’imposer aux femmes une nouvelle définition de ce qu’elles sont et ce de manière particulièrement virulente puisqu’il s’agit ni plus ni moins de vider le mot femme de son sens pour le rendre appropriable par n’importe quel homme, transformant ainsi la catégorie femme en un fourre-tout, qui regrouperait tous les “non-hommes”.


L’homme dans la vidéo s’inscrit donc parfaitement dans cette logique qu’il a intégrée à la lettre.


L'idéologie transactiviste, qui pousse à l’extrême la logique patriarcale d’appropriation du pouvoir symbolique par les hommes, participe de la déshumanisation des femmes en les privant de toute capacité d’autodétermination et donc d’émancipation collective.


Le programme classique du patriarcat.



Voici une autre illustration de ce phénomène: cette personne définit ici le sexe exclusivement par rapport au pénis, avec le plus grand des naturels…


Dans sa vision du monde, être un mâle est donc constitué par le fait d’avoir un pénis et être une femelle est, en miroir, constitué par le fait de ne pas disposer de pénis… Comme si la femme était non pas un individu de sexe femelle, avec ses caractéristiques propres, mais un homme victime d’une malformation.


Seul un homme, avec l’assurance orgueilleuse de celui chez qui est enracinée la conviction d’être l’être humain par défaut, peut se permettre de présenter les choses ainsi.


S’imagine t-on une femme asséner que le sexe se définit par la présence d’une vulve (femme) ou la non présence d’une vulve (homme)?


C’est-à-dire définir un individu non par les caractéristiques qui lui sont propres, mais par l’absence des caractéristiques propres à une autre catégorie de personnes.

X cesse d'être X pour devenir Non-Y.


C'est fascinant de voir que cet individu trouve normal de percevoir et d’exprimer les choses ainsi.


Car il faut être sacrément auto-centré pour proclamer sans sourciller une affirmation pareille.


Et c’est normal. Consternant, mais normal.


Dans les cultures phallocentrées, patriarcales, misogynes qui sont les nôtres c’est exactement comme cela que l’on perçoit les femmes…


Il suffit de voir ce qu’en disent Freud et consorts… Le fameux phallus.



L’homme est l’étalon-or de l’humanité et la femme se résume à être, non un être humain à part entière avec sa spécificité et ses caractéristiques propres, mais un “non-homme”, comme le dit le transactiviste ci-dessus.


Les femmes n’ont pas une anatomie, un corps, un sexe spécifique, elle sont un être non doté de pénis.


Une absence, un vide.


Un concept sans définition, sans contenu, sans substance.



Une coquille vide.


Voilà le système de représentation du monde dans lequel nous évoluons depuis des siècles et qui fait que le postant est capable de déclarer ce genre de propos avec le plus grand des sérieux et des naturels.


C’est cette invisibilisation des femmes par le fait de les considérer comme des sous-hommes, des accessoires du mâle, qui représente l’humain générique par défaut, que les féministes ont identifié depuis toujours et cherchent à défaire, et qui s’exprime ici.


Pour s’en convaincre encore plus, s’il en était encore nécessaire, il suffit de se rendre compte que cette attaque sur les définitions, cette invisibilisation, ne concerne bien évidemment que le mot femme et pas le mot homme…


L’exemple proposé par l’individu ci-dessous est particulièrement édifiant de ce deux poids, deux mesures…


“Les hommes” VS “Les personnes perçues comme femme”



Pire! Nous avons cette fois “Les hommes” VS “Les personnes à utérus”.



Cette personne, qui en plus semble se prendre pour un féministe (!), ne semble pas du tout se rendre compte du caractère asymétrique de sa manière de parler des hommes et des femmes, encore moins du caractère sexiste et misogyne de sa posture.


On pourrait se dire qu’il ne s’agit que de l’erreur d’une personne lambda sur les réseaux, sauf qu’en fait… Non. Cette asymétrie est au cœur de la rhétorique transactiviste dont elle est l’un des piliers: ce sont précisément les femmes qui sont visées et qui doivent être invisibilisées.


Il ne s’agit pas de l’erreur d’un militant isolé… Mais de la retranscription exacte de la rhétorique transactiviste, qui est reprise en chœur par des acteurs associatifs et institutionnels de premier plan…


On pourrait sourire de ces fumisteries insensées si elles n’étaient pas en mesure d’avoir de graves conséquences sur les femmes.


En témoigne cet exemple récent, en matière de santé:



Ce n’est pas le premier précédent…


Déjà en 2019, la FDA (Food and drug administration) le gendarme du médicament aux USA, a dû refuser la mise sur le marché d’un traitement pour le HIV et ce uniquement pour les femmes, car le laboratoire qui l’avait développé, au lieu de tester les médicaments sur les femmes, l’ont testé sur des “femmes trans” des hommes donc, pour se faciliter la vie et faire des économies, sans aucun égard pour les graves conséquences que cela pouvait avoir sur la santé des femmes.


On sait que les femmes sont déjà plus mal soignées que les hommes notamment car leurs spécificités sont moins bien prises en compte par la recherche médicale et pharmacologique qui se concentre sur les hommes, pris comme l’humain par défaut. Alors même que des efforts récents avaient été entamés afin de mieux prendre en compte la santé des femmes, voilà que cette idéologie signe un funeste retour en arrière.



Cet article du New-York Times est en tant que tel un cas d’école de la misogynie du langage transactiviste qui efface et avilit les femmes.


On notera en effet que l’article parle des hommes (men) mais ne trouve d’autre moyen de faire référence aux femmes qu’au mieux en les traitant de "cis-femmes" et au pire en utilisant des périphrases dégradantes qui les désignent comme des “personnes qui ont du sexe réceptif via leur vagin”…


Bizarrement, ils n’ont pas cru bon devoir désigner les hommes comme des “personnes qui ont du sexe pénétrant via leur pénis”.


Et pour cause… Car c’est là que les Athéniens s’atteignirent…

Ils ne peuvent pas désigner les hommes par cette périphrase, car sinon, ils désigneraient de facto l’écrasante majorité des “femmes trans” comme étant des hommes…

Et ça, ça ferait un peu désordre…


Et surtout cela ferait éclater cette bulle rhétorique inepte, en vertu de laquelle dire que les individus ayant un pénis sont des hommes, mériterait le supplice du bûcher…


La plus belle illustration de cette impasse logique en forme de paradoxe est cet échange édifiant que j'avais eu avec un militant de la cause transactiviste et que je vous laisse apprécier dans son jus…



CQFD.


La boucle est bouclée.


L’homme-Démiurge, créateur de son monde sur lequel il règne en maître absolu, fait et défait les définitions au gré de ses besoins et de ses envies du moment, fixe et impose les règles du jeu en se réservant le droit de ne pas les suivre, manipule les concepts et les étiquettes au gré de ce qui l’arrange, à la manière d’un enfant qui par un pluvieux après-midi d’hiver, joue à mettre en scène une bataille rangée entre ses Légo Star Wars, ses figurines de dinosaures et ses poupées Barbie.

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