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Pas de féminisme sans...

Dernière mise à jour : 11 mars

Les manifestations qui se sont déroulées ce 8 mars ont hélas permis d'illustrer la stratégie patriarcale du diviser pour mieux régner en action: l'inféodation du féminisme à d'autres luttes sociales jugées prioritaires et l'exclusion de certaines catégories de femmes du champ de la sororité féministe.



Pas une manifestation féministe, pas un débat militant sans voir fleurir ces injonctions "Pas de féminisme sans... Ajoutez n'importe quelle autre cause" : anti-validisme, anti-racisme, anti-spécisme, écologie, anti-capitalisme, socialisme, communisme, anti-colonialisme, anti-carcéralisme, anti-sionisme, anti-fascisme, anti-impérialisme, lutte contre l'islamophobie, lutte pour les sans-abris, lutte contre l'homophobie, lutte contre la transphobie, lutte contre la pauvreté et la paix dans le monde et pour la défense des bébés phoques et des galinettes cendrées...

C'est l'ère du féminisme à la Prévert!



N'oublions pas, "sans les TDS" (ie. sans les proxénètes, la lutte contre l'exploitation sexuelle des femmes et le soutien à nos sœurs prostituées victimes de la marchandisation de leur personne en tant qu'objet sexuel utilisé par ces Messieurs pour agrémenter leurs séances de masturbation, étant au cœur du féminisme), "sans les "femmes" trans" (ie. sans les hommes qui s’auto-proclament "femme" et exigent d'être considérés comme tel), bref, pas de féminisme sans les hommes...


N'oublions pas l'inutile compartimentage des femmes en autant de micro-catégories qui les présente comme un ensemble hétérogène, satellisé, sans cohérence aucune ni colonne vertébrale.


Corrigeons maintenant ce panneau ubuesque:


Ce n'est pas du féminisme sans LES FEMMES. Le féminisme est pour TOUTES.

Voilà! Sacrée économie d'encre et d'arbres d'Amazonie...



La lutte féministe est devenue tellement subsidiaire, que voilà un visuel qui fait carrément de l'anti-racisme, le cœur, l'objet central, la matière première du féminisme, comme son nom ne l'indique pas.


Quand on en est rendues là sans voir le problème, c'est qu'il y a vraiment du souci à se faire.


Alors remettons les pendules à l'heure.


Je suis féministe et, en tant que telle, je ne suis ni Mère Thérésa, ni les Restos du cœur, ni l'Association Nationale des Sourds et Malentendants, ni la Fondation 30 millions d'amis, ni Greenpeace, ni Handicap international, ni SOS Racisme, ni SOS Homophobie, ni SOS Amitié, ni ATTAC, ni Amnesty International, ni la CGT, ni SUD, ni FO, ni l'Association Française de Protection des Plantes exotiques et des légumes oubliés.


Je répète: je suis féministe.



Si le féminisme, en ce qu'il est un mouvement de lutte pour les droits humains des femmes, moitié oubliée de l'humanité, porte en lui les valeurs de justice sociale, de liberté, d'égalité et de sororité/fraternité entre les humains, qui lui sont consubstantielles ; s'il pose comme postulat que la domination masculine que nous cherchons à abolir, est le modèle qui façonne tous les autres systèmes de domination et de prédation qui en découlent et seront de facto abolis par voie de conséquence ; si le féminisme est antinomique de toute forme de racisme et aux antipodes de toute idéologie excluante, violente et intolérante, donc de toute idéologie de nature fasciste:


Le féminisme est avant-tout un mouvement politique à part entière qui possède ses propres objectifs, pas un fourre-tout destiné à accueillir toute la misère du monde ni à servir de réservoir de militantes taillables et corvéables à merci ou de base arrière à d'autres combats que le sien.

Le féminisme, c'est la lutte pour la libération et l'émancipation des femmes, par les femmes, pour les femmes par l'abolition du système patriarcal d'exploitation des femmes par les hommes et la mise à bas de la domination masculine des hommes sur les femmes: c'est donc une lutte dont le sujet et l'objet sont les femmes, toutes les femmes, rien que les femmes.


Perdre cet objectif de vue ou le rendre subsidiaire à une autre cause c'est inévitablement se retrouver dans une impasse qui rend impossible toute démarche réellement féministe ou pour reprendre les mots de Mme. la Sénatrice Laurence Rossignol :


"Quand le féminisme se soumet à d’autres causes que celle des femmes, ce n’est plus le féminisme"

Toute injonction comminatoire qui vise à nous décentrer de notre combat féministe pour nous amener à prioriser d'autres causes en exigeant de nous, avant d'avoir le droit de nous dire féministes et de considérer nos combats comme légitimes, de fournir des gages prouvant que l'on coche toutes les cases de la lutte pour l'avènement d'une société juste et parfaite où règne la paix dans le monde et parmi les hommes ; toute démarche culpabilisante qui vise à renforcer la charge mentale déjà énorme des militantes féministes en les amenant, dans le cadre de ce militantisme féministe, à s'occuper d'autres causes que celle de leur propre émancipation, s'inscrit dans une stratégie patriarcale anti-féministe.


Bref, c'est se fourvoyer complètement.


C'est aussi une démarche vaine, qui met la charrue avant les bœufs: tous les systèmes de domination prennent racine dans l'exploitation première qui est celle des femmes, cette moitié de l'humanité assujettie, dominée et exploitée par l'autre.


Ainsi, la logique devrait être non pas de dire "Pas de féminisme sans X, Y ou Z lutte sociale" mais "Pas de X, Y ou Z lutte sociale sans féminisme". Pourtant, par un retournement pervers mais néanmoins logique en Patriarcat, le féminisme qui devrait être l'inévitable point de départ de tout mouvement qui se proclame en faveur des droits humains ou porteur de valeurs de progrès, se retrouve systématiquement la dernière roue du carrosse non seulement au sein du vaste champ des luttes civiques et sociales, mais en plus au sein même de son propre mouvement où les buts qu'il poursuit sont devenus inaudibles et complètement marginalisés.


C'est le féminisme, qui devrait donc être inhérent et transversal à toutes les autres luttes.


Et cela, on en est loin, très loin. Mais alors, très, très loin.


Jour après jour, nous constatons, hélas, comment l'inféodation du féminisme à d'autres causes provoque invariablement une perte de boussole féministe chez de trop nombreuses militantes aspirantes féministes.


Quand on rechigne à se saisir des violences sexistes, verbales, physiques ou sexuelles, perpétrées contre des femmes par des hommes de certains phénotypes, de certaines cultures, de certaines religions ou car ce sont des immigrés, sous prétexte d'anti-racisme...


Quand on transforme le port d'un symbole patriarcal religieux d'asservissement des femmes en symbole de la "liberté du choix des femmes de se vêtir", sous prétexte de lutte contre l'islamophobie...


Quand on exige que nous acceptions sans bruit la marchandisation des femmes à des fins sexuelles en agitant l'épouvantail de la putophobie ou en arguant du droit au sexe des hommes handicapés...


Quand on exige que nous acceptions la marchandisation des femmes à des fins reproductives en agitant l'épouvantail de l'homophobie et de l'égalité hommes gays/femmes lesbiennes...


Quand on exige des femmes qu'elles aident des hommes qui les sollicitent dans la rue en pleine nuit, en passant outre les risques pour leur sécurité, sous prétexte d'anticlassisme...


Quand on exige des femmes qu'elles acceptent de redéfinir le mot "femme" qui leur sert à se désigner en tant que membres de la même classe de sexe pour défendre leurs intérêts communs, afin d'accommoder les hommes qui désirent s'auto-proclamer "femme" et exigent d'être par elles considérés et traités comme tel, sans daigner leur demander leur avis ni faire montre d'aucune sorte de considération pour leurs inquiétudes et protestations légitimes, sous prétexte qu'il s'agirait là de manifestations de transphobie...


Quand on empêche des femmes de participer à une manifestation féministe en usant de violences verbales et physiques, et en appelant des hommes à la rescousse, sous prétexte d'antifascisme ou d'anticolonialisme...


Il y a perte totale de boussole féministe.


 

J'en arrive ainsi au deuxième point que ces manifestation du 8 mars ont permis d'illustrer: l'exclusion de certaines catégories de femmes du champ de la sororité féministe.


Ce 8 mars, aura en effet été marqué par de virulents appels à exclure deux collectifs de femmes, Némésis, un collectif de femmes d'extrême-droite et Nous Vivrons, un collectif de femmes juives créé en réaction aux massacres du 7 octobre, de la marche organisée à cette occasion, avec force intimidations, menaces et violences.



Si ces femmes ont finalement pu manifester, ce n'est qu'en raison d'un dispositif de sécurité mis en place par les forces de l'ordre, comme on le constate sur cette vidéo qui offre le spectacle ubuesque d'un attroupement d'hommes affrontant des CRS pour empêcher des femmes de manifester lors d'une marche dédiée... aux droits des femmes.


Disons-le clairement:

Exclure, menacer et violenter des femmes qui souhaitent participer à une manifestation se déroulant à l'occasion du 8 mars, Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes, est une violence patriarcale et un acte anti-féministe.

Quant à ce type de visuels, qui sont devenus récurrents en manifestation, et dont les deux militantes femellistes Marguerite Stern et Dora Moutot ont aussi fait les frais avant Alice Cordier, ils sont inadmissibles et n'ont leur place dans aucune manifestation qui souhaite se réclamer du féminisme.


Et ce sous aucun prétexte. Aucun. Sans exceptions.


En cette période de "backlash", de retour de bâton patriarcal, où les droits des femmes sont partout attaqués, où l'anti-féminisme ne s'est jamais aussi bien porté, où les discours misogynes et sexistes portés par des influenceurs masculinistes de tous bords, sont en pleine recrudescence et s'affichent partout en ligne et hors ligne (le Haut Conseil à l'Egalité Hommes-Femmes alerte d'ailleurs régulièrement sur ce sujet) et produisent des effets délétères très concrets dans la vie quotidienne des filles qui obscurcissent leurs perspectives d'avenir, il est plus que significatif de constater que c'est sur des femmes que s'exerce la vindicte militante avec le plus de violence.



Étonnamment, pas de slogans de menaces ou appelant à des représailles violentes contre des influenceurs masculinistes radicalement misogynes comme Alex Hitchens, Stéphane Edouard, Julien Rochedy, Jean-Marie Corda, les Philogynes, Andrew Tate, Hugo RF et autres Killian Sensei ou Papacito, qui à longueur de vidéos et de tweets instillent leur poison misogyne dans les esprits de la nouvelle génération de garçons et de filles, en réactualisant à la mode du 21ème siècle, tous les oripeaux d'un patriarcat millénaire que l'on pensait disparu.



Pas non plus de slogans ou de graffitis violents appelant à s'en prendre physiquement aux hommes violents ou aux violeurs ayant défrayé l'actualité cette année.


Non, tout cela, c'est réservé aux femmes, dont c'est le privilège exclusif.


Alors, loin de moi l'idée de vouloir donner de la visibilité à ces mascus marchands de misogynie, mais quitte à dénoncer avec violence des discours misogynes et anti-féministes, j'aime autant que ce soit en pointant du doigt des hommes qui en sont les principaux et directs bénéficiaires, plutôt que leurs poissons pilotes féminins...


Il est tout aussi étonnant que la grande mansuétude qui prévaut dans les rangs féministes vis-à-vis des hommes et qui se caractérise par des appels permanents à "Éduquer les hommes" ou des questionnements fébriles et anxieux pour savoir comment les convaincre de "mettre les mains dans le cambouis de la masculinité" afin de réussir à "Vivre avec les hommes" pour reprendre les propos et le titre du dernier livre de Manon Garcia ou encore s'atteler à "Réinventer l'amour" pour sauver le couple hétéro, pour reprendre celui du dernier livre de Mona Chollet, n'existent plus du tout en ce qui concerne les femmes anti-féministes, qui ne sont le sujet d'aucune étude ni livre proposant des stratégies pour les convaincre de se rallier à la lutte féministe...


Pour ces Messieurs, nul appel à être dissous à l'acide, nulle volonté de les voir se faire frapper ou prendre une balle, nulle exclusion de principe des luttes féministes, de nos vies ou de nos lits, puisque d'aucunes vont jusqu'à conditionner le succès des luttes féministes à leur participation pleine et active.


Si l'idée que les hommes puissent être des alliés du féminisme et avoir leur place dans les rangs féministes, est largement répandue chez les féministes, je ne constate pas une telle volonté de conversion vis-à-vis des femmes antiféministes.


Ainsi les hommes misogynes, masculinistes, anti-féministes, machistes plus ou moins ordinaires, peuvent - doivent - être convaincus de la pertinence et de la légitimité de la lutte féministe, mais quand il s'agit de rallier des sœurs perdues pétries de misogynie intériorisée ou qui font le "choix" de jouer le jeu du patriarcat et de lui servir de bras armé, en tirant contre leur camp, à dessein, pour servir leurs intérêts, certes individualistes et égoïstes, afin d'assurer leur survie en milieu Patriarcal dans les meilleures conditions possibles, là c'est une fin de non-recevoir qui leur est opposée et une balle en pleine tête.



Les appels permanents à notre empathie et à notre bienveillance, à notre compréhension et à notre sens de la pédagogie, tout comme à la nécessité impérieuse de développer des stratégies pour convaincre et rallier des voix, s'arrêtent visiblement à la porte des femmes.


L'énergie des féministes serait-elle donc à réserver exclusivement... aux hommes ?


Soyons lucides: l'exclusion et la violence dirigées contre les femmes en manifestations - et partout ailleurs - n'est rien d'autre que l'une des facettes du backlash patriarcal généralisé que nous subissons.


Continuons notre petite mise au point sur ce qu'est le féminisme, ce qu'il n'est pas et sur la posture que nous devons observer dans le cadre de la lutte féministe vis-à-vis des femmes anti-féministes.


Encore une fois:


Le féminisme est un mouvement politique de lutte pour l'émancipation des femmes, par les femmes, pour les femmes.

Les femmes sont donc le sujet et l'objet du féminisme dont l'objectif est la libération de toutes les femmes en tant que classe en détruisant le système patriarcal de domination masculine par lequel elles sont asservies.


Le système patriarcal est un système créé par et pour les hommes, afin d'exploiter les femmes à leur bénéfice en nous opprimant et en nous conditionnant à la soumission et à l'assujettissement, pour parvenir à maintenir le contrôle et le pouvoir sur nous.


C'est pourquoi la misogynie intériorisée et l'anti-féminisme sont l'état naturel des femmes opprimées vivant en Patriarcat.

Ignorer cette réalité comme le font les personnes qui fustigent les femmes anti-féministes comme s'ils s'agissait d'horribles monstres venus d'une lointaine galaxie, alors que leur anti-féminisme est justement la preuve de la puissance et de la profondeur du conditionnement patriarcal qui s'exerce sur elles, dénote une incompréhension fondamentale de la mécanique ce système d'oppression.

Je suis féministe.


Je lutte pour l'émancipation des femmes et la destruction du système patriarcal.


Mon combat n'est pas d'exclure les femmes anti-féministes conditionnées par ce système, mais de créer les conditions de leur déconditionnement et de leur émancipation.


Dans ce sens, il est évident qu'exclure, menacer et attaquer les femmes que l'on cherche justement à émanciper et à déconditionner, du mouvement dont l'objectif est de les déconditionner et de les émanciper, est une démarche dont le manque singulier de logique et d'efficacité, confine à l'absurde et représente une grave erreur stratégique.


C'est en plus une erreur tactique: si la ligne la plus dure doit être réservée à la lutte contre le Patriarcat et ses institutions, contre les masculinistes et leurs discours misogynes, contre les hommes auteurs de violences masculines, une posture d'ouverture et d'accueil doit être maintenue vis-à-vis des femmes antiféministes, qui, en tant que femmes, ne sont pas nos ennemies dans le cadre de la lutte féministe.



Critiquer le discours de ces femmes, remettre en question leur positionnement, lutter contre leurs idées, questionner leur sexisme et leur misogynie intériorisée et extériorisée, les dénoncer pour ce qu'elles sont, des agentes collaboratrices du patriarcat, des anti-féministes, des adversaires politiques, des émanations de l'extrême-droite, oui, c'est absolument nécessaire et c'est une évidence.


Leur fermer la porte, les exclure du champ de notre sororité, pire exercer contre elles de la violence, c'est un non absolu.


La porte doit rester ouverte, la possibilité d'un dialogue doit être maintenue, pour les amener peut-être un jour à une prise de conscience salutaire qui les fera rejoindre nos rangs. Qui sait ?

Ne dirigeons pas notre agressivité contre les femmes du collectif d'extrême droite Némésis, ni d'aucune autre femme, mais luttons fermement contre leur anti-féminisme sur le terrain des idées et ne les laissons pas occuper l'espace médiatico-politique, ni gaspiller hors de proportion notre précieux temps de cerveau disponible, ne les laissons pas dicter leur agenda, semer la confusion et faire leur fonds de commerce des compromissions, frappées du même sceau de l'anti-féminisme, dans lesquelles se fourvoie actuellement une certaine partie du mouvement féministe et que je dénonce plus haut.


Ne leurs offrons pas non plus le cadeau d'une caisse de résonance qui ne se justifie pas.


Et surtout ne rentrons pas dans le jeu de leurs provocations: ne leur offrons pas l'occasion de se victimiser.


Offrons-leur une opposition calme, froide et lucide ; enracinée dans la force tranquille et sereine que nous offre la conviction que le combat que nous menons est juste et indispensable.


Soyons stratèges.


Soyons féministes jusqu'à la moelle, résolument et sans aucune compromissions.



Réglons notre boussole féministe sur la seule direction qu'elle se doit de toujours nous indiquer, celle des femmes, rien que des femmes, de toutes les femmes: noues et notre émancipation individuelle et collective.


Nous menons un combat de longue haleine qui vise à transformer en profondeur la société et les mentalités en faveur de l'intérêt des femmes.


Ménageons nos forces.


La première étape, c'est de construire notre conscience de classe, c'est-à-dire la conscience que noues toutes en tant que femmes, sommes exploitées pour la même raison, que noues toutes en tant que femmes, subissons une oppression commune, et que noues toutes en tant que femmes, avons donc le même intérêt à la destruction de ce système.


C'est ce que traduit le concept de Sororité.


Pour parvenir à notre objectif commun, nous devons garder chevillé à l'esprit:


  • notre objectif: noues libérer, noues les femmes de l'esclavage patriarcal

  • pour qui noues luttons: pour noues, les femmes

  • contre qui noues luttons: le système Patriarcal créé et utilisé par les hommes pour exploiter les femmes à leur bénéfice et les hommes qui en tirent profit et participent à le maintenir


Mais ne nous illusionnons pas: la grande majorité des femmes que nous croiserons dans cette vie ne seront certainement jamais féministes. Et nombreuses seront celles qui resteront de farouches anti-féministes: les conquêtes féministes et les droits dont nous bénéficions aujourd'hui ont été arrachés par une ultra minorité de femmes éclairées et extrêmement actives.


Il en va ainsi de toutes les luttes pour les droits civiques et sociaux qui ont existé.


Le comprendre et l'intégrer est essentiel afin d'éviter bien des pertes de temps et des déceptions inutiles.


N'oublions jamais cela quand il s'agit d'aiguiser le sens de nos priorités et de décider à quelle tâche nous devons employer notre énergie; n'oublions jamais que diviser les femmes pour mieux régner, en nous détournant les unes des autres ou de la lutte pour notre émancipation au profit d'autres combats, est la stratégie patriarcale numéro 1, utilisée par les hommes pour nous maintenir sous leur contrôle afin de continuer à nous exploiter.


Ne l'oublions jamais et ne nous laissons pas manipuler ni distraire: ni par des combats qui ne sont pas les nôtres et qui exploitent notre temps et notre énergie sans aucun retour sur investissement ; ni par les mascus qui se servent de ces sœurs perdues, dont ils ont fait leurs complices, pour nous diviser de l'intérieur et nous affaiblir sans avoir à se fatiguer, en nous faisant perdre, là aussi, notre temps et notre énergie en vain.


N'offrons pas aux mascus le plaisir de se repaitre du spectacle de nos divisions, car ils se frottent les mains de nous voir occupées à nous battre les unes contre les autres, pendant qu'ils ont, eux, le temps et les mains libres pour étendre leur emprise sur le monde.


Ne leur offrons pas le cadeau de nous détourner de ce contre quoi nous devons lutter de toutes nos forces: leur domination millénaire et implacable sur noues toutes, les femmes.



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