Stratégie de défense et culture du viol
- Jude D.
- 24 sept. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 févr.
C'est au juge qu'il appartient d'invalider les stratégies de défense ancrées dans la culture du viol et qui adoptent le point de vue de l'agresseur, afin de les faire tomber définitivement en désuétude.

Image par Mohamed Hassan de Pixabay
La stratégie de défense de l’avocate de ces deux prévenus de l’affaire #Mazan, aussi consternante puisse t-elle sembler, est la seule que lui offrent les circonstances de l’affaire à partir du moment où ses clients ont décidé de ne pas plaider coupable.
D’une manière générale, en matière de stratégie de défense déplorable basée sur la culture du viol, on revient de loin… Il n’y a pas si longtemps que cela on en était encore à des arguments du type “mais elle était habillée comment? Elle l’a bien cherché”…
Au-delà des avocats qui cherchaient à tout prix à défendre leurs clients, c’est leur rôle, des magistrats, tenaient le même genre de propos face caméra, tranquillement, comme si c’était tout à fait normal.
Que ça coulait littéralement de source.
Vous pouvez visionner la vidéo ci-dessous à partir de 4'40, c’est édifiant.
Une compagne de route féministe, me rappelait utilement ces mots:
“Des réquisitions de 7 ans c’est pour des viols qui se produisent dans un parking de supermarché, pas pour des faits sujet se produisent au Marriott”
Des propos tenus par un avocat de la défense lors du procès pour viol de Saad Lamjarred à Paris en 2023, dans le même registre “il y a viol et viol” que nous a proposé un avocat du procès #Mazan.
Les avocats de la défense déploient des arguments qui sont forcément ancrés dans la culture du viol puisqu’il s’agit pour eux, de placer le curseur permettant de distinguer ce qui est un viol de ce qui n’est pas un viol, de façon à ce que les actes commis par leurs clients échappent à cette qualification.
C’est au juge, en tant que représentant du peuple français, qui rend la justice en son nom, de faire la part des choses, de dire le droit et de déterminer où doit être fixé le curseur, entre l’acceptable et le répréhensible, en tranchant entre deux visions de la société : celle proposée par la défense et celle proposée par l’accusation/parties civiles.
Une décision de justice est toujours le reflet d’une société à un instant T et donc du degré de culture du viol dans lequel elle baigne à ce même instant T.
Les décisions qui sont rendues actuellement en matière de viol, témoignent de l’évolution des mentalités et du fait que les violences sexuelles sont bien moins tolérées qu’il y a quelques dizaines d’années.
C’est grâce au travail de militantes féministes, dont de nombreuses avocates, comme par exemple Gisèle Halimi.
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il reste énormément de travail avant que l’on puisse changer de paradigme et lutter avec efficacité contre les violences sexuelles à l’aide d’un cadre réglementaire réellement dissuasif…
On en est encore très loin et tout reste à faire.
Espérons donc que la vision proposée par la défense sera balayée d’un revers de main, de manière à ce que ce type de stratégies de défense soit reléguée dans les oubliettes de l’histoire tout autant que celles qui consistaient à dire “habillée comme ça elle l’a provoqué” ou “elle ne ne s’est pas débattue, c’est la preuve qu’elle était d’accord”…
La Cour de Cassation a d’ailleurs rendu un arrêt très intéressant en la matière en rappelant que le consentement de la victime ne peut être déduit de la sidération causée par une atteinte sexuelle commise par violence, contrainte, menace ou surprise.
Il me tarde que ce cirque se termine, que les tentatives de ces hommes pour se trouver des excuses à leurs comportements inadmissibles soient écartées, et qu’ils soient condamnés et envoyés derrière les barreaux.
Espérons qu’on fasse encore un (petit) pas vers une meilleure répression de ce crime qui abîme tant de femmes.
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