Nos droits et libertés de femmes sont partout attaqués et subissent un Backlash sans précédent.

Les discours sexistes, misogynes, gynophobes et anti-femmes prolifèrent sans aucun contrôle.

Leur multiplication, leur renforcement et leur banalisation, démultipliées par la caisse de résonance que sont les réseaux sociaux et les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication, constitue un terreau pour les violences physiques, sexuelles et morales perpétrées contre Noues ici comme dans le reste du monde.

L'omniprésence des propos et comportements sexistes et misogynes est également un grave danger pour notre santé physique et mentale et leur impact négatif sur notre bien-être, notre insertion sociale et notre épanouissement a de nombreuses fois été démontré.

Ces discours, protéiformes et provenant de sources très différentes, ont pour point commun de nous considérer comme un objet utilitaire à la disposition des désirs des hommes et des besoins de la société : une sous-catégorie de l'humanité dont l'existence doit se justifier par son utilité sociale et non par notre droit humain inaliénable de vivre par et pour nous-mêmes.

Des êtres humains de seconde zone qui ne possèdent pas les clés de leur destin social ni les mots pour se dire et se raconter.

Pire, certains des propos qui présentent comme un droit le fait de pouvoir nous utiliser comme des objets, sont d'autant plus pervers qu'ils se présentent pour certains comme féministes et s'approprient, en les dévoyant, des slogans historiques tels que "Mon corps, mon choix" ou des maximes féministes telles que "On ne naît pas femme mais on le devient"...

Ces discours sont insidieux et délétères pour l'image que nous nous faisons de nous-mêmes et de notre place dans cette société qui devrait être pleinement la nôtre.





Ces éléments de langage visent notamment à :
 
        Revendiquer le droit de pouvoir nous utiliser comme un objet

La recrudescence des discours normalisant notre exploitation reproductive et sexuelle est en pleine explosion qu'il s'agisse du marché de la prostitution, de la pornographie ou de notre utilisation comme mères porteuses.

        Promouvoir notre exploitation domestique et notre confinement à la sphère privée

Ce sont généralement des discours sexistes qui sont portés par les sphères réactionnaires et traditionalistes, notamment les intégristes religieux de tous bords, et reposent sur une vision sexiste et rétrograde de la société et de la place que nous devons y occuper en tant que femmes.

En plus de se fonder sur les dogmes religieux ou la tradition, ces discours mobilisent également des pseudo sciences telles que la psychologie évolutionniste ou instrumentalisent les neurosciences en réactualisant les anciennes thèses sexistes sur le sexe du cerveau afin de démontrer l'existence d'une différence de comportement innée entre les hommes et les femmes qui justifierait leur place différente dans la société, et donc in fine les inégalités de traitement et les discriminations que nous subissons.

        Contrôler notre vie

              - en entravant nos droits reproductifs par la suppression ou la limitation de l'accès à la contraception et à l'IVG

              - en organisant notre dépendance aux hommes: limitations au divorce, coparentalité, attaques contre la pma pour les femmes célibataires, limitation de notre accès aux ressources notamment aux ressources financières relevant de la solidarité nationale

        Minimiser ou justifier les violences masculines que nous subissons

Féminicides, agressions sexuelles, violences conjugales, harcèlement de rue, cyberharcèlement, discrimination au travail, mutilations sexuelles, voilement des femmes...

C'est d'une manière générale la réalité des violences, des inégalités et des discriminations que nous subissons et leur gravité, tout comme la réalité de notre oppression, qui sont niées.

        Nous effacer

               - en nous réduisant à un sentiment ou à une identité et en niant notre réalité matérielle, historique et sociale

               - en nous déshumanisant à travers l’utilisation de termes qui nous présentent non comme un être humain à part entière, c'est-à-dire entier, complet et complexe, mais comme des objets en pièces détachées ou une somme de fonctions physiologiques: personnes à utérus, menstruatrices, gestatrices, personnes à vulve, personnes allaitantes etc.

              - en s'appropriant nos mots, nos maux et notre histoire

              - en nous refusant le droit de nous auto-déterminer

              - en nous privant du droit de nous réunir et de nous organiser sans hommes

              - en nous privant d'espaces sécurisés réservés aux femmes

              - en conditionnant notre droit d'accéder à l'espace public au port de tenues couvrantes

              - en occultant notre histoire, nos réalisations et en nous invisibilisant dans l'espace médiatique, politique, scientifique, culturel, sportif, etc.

          Présenter notre dépendance aux hommes comme une nécessité

Notre dépendance aux hommes serait une fatalité. Ces discours réfutent toute possibilité d'une réelle émancipation et ce notamment en arguant d'une soi-disant complémentarité des sexes ou en prétendant que nous aurions besoin d'un homme pour survivre.

          Nous dénigrer par des propos insultants et dégradants

Les propos visant à justifier les stéréotypes négatifs sur les femmes et à nous rabaisser en niant nos contributions et nos apports à la société ou en les minimisant, fleurissent dans les médias, les institutions et sur les réseaux.

          Diviser les femmes

Les propos visant à semer la zizanie entre nous, à nous monter les unes contre les autres et à justifier le stéréotype qui voudrait que nous soyions incapables de nous entendre, sont légion.

C'est un outil de manipulation éculé, destiné à maintenir notre oppression, qui est particulièrement délétère car il nous empêche de nous unir et de nous positionner en force afin de mener le combat pour notre émancipation collective.





Ces discours misogynes et sexistes sont présents d'un bord à l'autre du spectre politique et ils imprègnent très largement la société.

Un objectif: garder les femmes à leur place assignée, c'est-à-dire à la disposition des désirs des hommes et des besoins de la société, et maintenir le statut quo.

IDENTIFIER ces discours, les pointer du doigt, les DÉNONCER pour ce qu'ils sont, des instruments utilisés pour maintenir notre oppression et empêcher notre émancipation, puis RIPOSTER en faisant entendre nos voix, est essentiel afin de pouvoir enfin prendre place.