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Remettre le violeur au centre de l'attention et déjouer ses stratégies de diversion

  • Photo du rédacteur: Jude D.
    Jude D.
  • 7 oct. 2024
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 oct. 2024

L'une des stratégies patriarcale la plus efficace est la diversion: détourner l'attention de la personne de l'accusé, de l'agresseur, du violeur pour la reporter sur la victime qui va alors être scrutée à sa place, sous toutes les coutures.


On peut observer cette mécanique à l’œuvre à l'occasion du procès #Mazan.


Il est essentiel d'apprendre à la repérer, à y résister en refusant de détourner le regard, et à la dénoncer en recentrant systématiquement le débat sur l'agresseur.



Il y a quelque chose de profondément perturbant, quoique fascinant, à observer le système patriarcal en train de faire son œuvre, à un moment où il fonctionne à plein régime...


L'affaire #Mazan, qui aurait pu être l’occasion d'une vraie réflexion en profondeur sur la question des violences sexistes et sexuelles, leur origine, leur prévalence et leur banalité, le profil des agresseurs, leurs stratégies, le rôle de notre société patriarcale dans la perpétuation de la culture du viol, la prévention et l'accompagnement des victimes, et ainsi permettre d'amorcer un véritable changement de paradigme, est en train de se transformer en un cas d'école de mystification Patriarcale.


Et comme les voies du Patriarcat sont tout sauf impénétrables, la même histoire se répétant inlassablement, en revêtant simplement différentes formes, il est intéressant d'observer et surtout de décrypter comment ce système Patriarcal, actuellement menacé par le retentissement de ce dossier et ce qu'il révèle de l'ampleur des violences masculines ordinaires, est en train de mettre en place avec l'efficacité qui sied à son expérience millénaire, sa stratégie de protection habituelle: la diversion.


La stratégie d'auto-conservation du système Patriarcal consiste à maintenir à tout prix les regards fixés sur la victime et à s'assurer que nos prunelles inquisitrices ne se dirigent surtout pas en direction de l'agresseur.

Avancer masqué, dissimuler ses stratégies, ses intentions, ses manœuvres est la stratégie classique de tous les maltraiteurs, abuseurs, despotes, gourous et de tous les systèmes d’oppression et d'exploitation d'une manière générale... Bref de tous ceux qui, et de tous les systèmes qui, ont pour objectif d'assujettir et d'exploiter autrui à leur bénéfice.


Lundy Bancroft, dans son livre Pourquoi fait-il ça ? Dans l'esprit des conjoints violents et maltraitants nous explique:


"La violence conjugale est un problème qui incombe entièrement à celui qui l'exerce.


Au fil de mes années d'intervention auprès d'hommes abusifs et de leurs compagnes, j'ai vu émerger les réalités qui se cachent derrière le maltraiteur énigmatique.


Un schéma cohérent a commencé à m'apparaitre.


Le conjoint abusif suscite la confusion par nécessité.


Son seul moyen de vous contrôler et de vous intimider, de pousser votre entourage à prendre son parti et de continuer à échapper aux conséquences de ses actes, consiste à détourner l'attention de tout le monde.


Lorsque les gens comprennent la stratégie du maltraiteur, son pouvoir commence à s'estomper. Nous allons donc regarder derrière son masque.


Il est important de comprendre que le conjoint maltraitant se comporte comme un illusioniste: ses tours de passe-passe visent surtout à vous distraire, à détourner votre attention, pour que vous ne compreniez pas ce qui se passe réellement.


Son but consiste à paralyser votre esprit de manière à ce que vous ne remarquiez pas la logique et les schémas de son comportement, le projet conscient que cachent ses comportements en apparence insensés."


Maintenant, relisez ce paragraphe et remplacez violences conjugales par violences sexuelles et conjoint abusif/maltraiteur par violeur/agresseur sexuel.


Vous constaterez que cette analyse de Lundy Bancroft qui concerne les violences conjugales trouve pleinement matière à s'appliquer aux violences sexuelles, lesquelles font d'ailleurs partie du spectre des violences conjugales.


Et il n'est pas étonnant à ce titre de constater que de nombreux accusés du dossier #Mazan ont un passif de violences conjugales: les mêmes stratégies de domination et de contrôle s'y déploient quasiment à l'identique.


Ainsi, en amont, tout comme l'homme violent avec la femme qu'il maltraite, le violeur déploie une stratégie, un schéma cohérent destiné à tirer avantage de sa proie. 


En aval, hommes violents et violeurs, déploient aussi les mêmes tactiques d'enfumage destinées à masquer la réalité de leurs actes, de leurs motivations, de leurs comportements; et à nier ou à minimiser leur responsabilité et leur culpabilité.


Le dossier #Mazan est un cas d'école qui offre une vision limpide et détaillée de ces deux dynamiques.


Voilà en effet un homme, Dominique Pélicot, qui a pensé, planifié et organisé avec une précision d'horloger, le viol de sa femme, Gisèle Pélicot, par des dizaines d'hommes de passage.


Pour ce faire, il a créé un salon privé sur le site désormais fermé coco.fr, intitulé du nom évocateur"A son insu", échangé durant des heures, des jours, avec des dizaines d'hommes, pris et envoyé des photos intimes de sa femme, mis au point avec soin, tapi derrière son écran, un mode opératoire destiné à réaliser son scénario: faire violer sa femme par des hommes "à son insu" pendant qu'elle était inconsciente, droguée par ses soins.


Il a dû ainsi:


  • se procurer des sédatifs et les tester jusqu'à obtenir le dosage adéquat. Il est d'ailleurs devenu tellement expert de la chose qu'il a apporté ses conseils à au moins un autre homme dont ils ont tous deux abusé la femme inconsciente.


  • établir un protocole strict destiné à ne pas réveiller son épouse: chauffer la chambre au maximum, faire ces hommes venir en pleine nuit, se garer à distance, se chauffer les mains, rester silencieux...


  • mettre en place un dispositif de captation vidéo discret qui lui permette de filmer sa mise en scène dans son intégralité


  • passer des heures à établir, avec un soin méticuleux, un classement de ses vidéos à l'aide de titres tous plus fleuris et abjects les uns que les autres...


Les dizaines d'hommes qui ont participé avec lui à la mise en œuvre de ce sinistre scénario se sont tous rendus volontairement sur ce forum "à son insu" et ont méticuleusement suivi ses instructions. Certains sont revenus plusieurs fois. Les rares qui n'ont pas donné suite n'ont pas cru bon devoir alerter qui que ce soit.


Particularité de cette affaire: tout est documenté... Nous disposons d'heures de vidéos, d'échanges de mails, de sms, de discussions de forums etc.


Nous disposons également d'un accusé principal, Mr. Pélicot, qui reconnait sa culpabilité, d'une partie de ses co-accusés qui reconnaissent comme lui leur culpabilité et d'une autre partie qui tout en reconnaissant avoir pratiqué des actes sexuels sur la victime, nie avoir voulu abuser d'elle car ils s'imaginaient, disent-ils, participer au jeu libertin d'un couple où la femme aurait joué volontairement le rôle de la belle au bois dormant.


Passons sur les jérémiades, justifications larmoyantes et autres excuses pathétiques et parfois rocambolesques que déploient ces hommes pour tenter de se défendre tant bien que mal en essayant de minimiser leurs actes ou de se faire passer pour des victimes...


Nous sommes donc dans un dossier très particulier où, à la différence de nombreux autres dossiers, la qualité de victime de Madame Pélicot n'est pas discutée et offre difficilement matière à l'être.


On aurait donc pu se dire que le débat public pourrait ENFIN s'attaquer aux sujets de fond suivants, qui ont une particulière acuité dans le cadre de ce procès:


  • le rôle de la pornographie dans la culture du viol et le renforcement des représentations misogynes de la sexualité hétérosexuelle

  • l'augmentation du sexisme et la libération de la parole misogyne dans l'espace public

  • la prévention des violences sexuelles et de leur récidive

  • la soumission chimique: comment la prévenir et former les femmes et les professionnels de santé à la repérer

  • le continuum des violences machistes notamment sous le prisme des violences sexuelles et de l'inceste, très présent dans le cadre de ce dossier et pourtant invisibilisé

  • comment informer les femmes sur le passé judiciaire des hommes avec qui elles entament une relation, mais également les condamnations qui interviennent en cours de vie commune: Madame Pélicot n'a en effet jamais été mise au courant d'une condamnation de son mari pour violences sexuelles intervenue au cours de leur mariage.


Et encore de très nombreuses autres questions... Pourtant, malgré tout cela, au lieu d'être en train de débattre de ces sujets essentiels, quelle thématique, occupe le haut du pavé, alors qu'elle ne se pose même pas? Le "consentement" de la victime.


C'est littéralement surréaliste.


Tout le monde, que ce soit sur les plateaux télé, à la radio, sur les réseaux, les journalistes, n'a plus que ce mot à la bouche, ce qui est d'autant plus insupportable qu'il est souvent utilisé de manière impropre et complètement à tort et à travers. Passons.


Qu'on se le dise, ce n'est ni plus ni moins qu'une diversion: LA stratégie patriarcale par excellence, qui a pour objectif de détourner notre attention du vrai sujet: les hommes présents sur le banc des accusés.

Ainsi, comme j'ai commencé à l'évoquer dans l'article ci-dessous, l'affaire #Mazan est en train de subir un glissement inquiétant avec une surfocalisation sur la victime et son pseudo consentement, alors que cela n'a même pas lieu d'être dans cette affaire.



Comme on l'a vu plus haut, tout cela est en réalité parfaitement normal et prévisible.


La stratégie numéro 1 des hommes maltraitants et des violeurs est le détournement de l'attention. La mise en avant du "consentement", comme de tout argument qui permet de porter l'attention sur la victime en lieu et place de l'agresseur a toujours répondu à ce besoin essentiel.

Elle était consentante, elle était habillée de manière provocante, en même temps elle avait trop bu, ses yeux disaient "oui" ou encore, elle m'avait répondu avec insolence, elle avait mal cuit le rôti, elle... elle... elle...


Toute femme un peu active sur les réseaux qui s'intéresse aux sujet féministes, n'aura pas manqué de constater que les femmes y sont perpétuellement blâmées pour tout et son contraire et y compris pour les comportements négligents et abusifs que les hommes de leur entourage leur font subir...



Tous les jours des hommes comme celui-là instrumentalisent contre des femmes la violence masculine qu'elles subissent, raillant et ridiculisant les conséquences traumatiques, réelles ou supposées qu'ils s'imaginent en découler... Ainsi, même les conséquences des violences masculines qu'elles subissent sont utilisées comme une arme contre les femmes. Le post ci-dessus est tout à fait révélateur de cette tendance. Et pendant ce temps-là, quid de l'agresseur ?



Dès qu'une femme subit quelque chose: harcèlement de rue, agression sexuelle, compagnon violent... au lieu de dénoncer l'agresseur et ses agissements, le premier réflexe épidermique est immédiatement de pointer du doigt le comportement de la victime: mais pourquoi elle se baladait dans ce quartier aussi? Et à cette heure là!? Elle s'attendait à quoi habillée comme ça? Elle n'avait qu'à mieux choisir!



Son conjoint tente de la tuer ? Bah c'est ça d'aimer les racailles, elle n'avait qu'à mieux choisir aussi cette cruche!


Un discours qui repose sur l'idée que les agresseurs ne sont que de rares exceptions, des monstres, ici des "racailles", et qu'il suffirait de faire preuve d'un peu de jugeote pour savoir les éviter et que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce qui est une autre mythe patriarcal régulièrement utilisé afin de nous enfumer et de détourner l'attention.



Quid du principal concerné? Motus et bouche cousue à propos de celui dont on ne doit pas prononcer le nom, chuuuuuut...


Diversion. Détournement de l'attention. Focalisation sur la victime et invisibilisation de l'agresseur.


Il se passe exactement la même chose pour l'affaire #Mazan et on constate que la stratégie de l'homme maltraitant décrite par Lundy Bancroft, qui concerne les relations interpersonnelles, se traduit parfaitement bien à l'échelle de la société dans son ensemble.


La stratégie patriarcale de diversion, bien huilée, s'est immédiatement mise en marche, instrumentalisant sans vergogne une bonne partie de personnes de bonne foi, même de féministes, qui sont complètement tombées dans le panneau et participent activement à la relayer.




Mais que Diantre vient faire là, la question du consentement de Gisèle Pélicot ? Quel est donc le rapport avec le sujet? Qu'est-ce que ça vient faire là?


Quid de la création du salon de discussion "à son insu ? Quid de la soumission chimique ? Quid des manœuvres mises en place par les accusés ? De leur sexisme et de leur misogynie ? De la planification millimétrée de leurs agissements ? Quid des solutions pour que cela ne se reproduise pas ?


Rien. Nada. Ayen.


Diversion. Mystification patriarcale. Circulez il n'y a rien à voir par là, faites demi tour puis prenez une loupe afin d'aller examiner le "consentement libre et éclairé" de Madame Pélicot. Allez Hop Hop Hop!


C'est sidérant. Sidérant.

Évoquer le consentement dans ces termes et à cette occasion est non seulement hors sujet, mais indécent.


Le viol redéfini, Catharine McKinnon, p. 10


Nous sommes là dans le cœur du réacteur de la stratégie d'enfumage patriarcale: détourner l'attention des violeurs, des abuseurs, des profiteurs, des maltraiteurs.

Et même quand il devient difficile de blâmer la victime, et que se retourner vers elle semble compliqué ou peu opportun à certains, on pointe alors du doigt... Le féminisme et les "féministes haineuses"... Tout pourvu que l'on détourne l'attention du banc des accusés et que l'on s'abstienne de questionner leurs actes.


Commentaire sous une vidéo de Pippa Reddington


Ah bah oui, forcément, c'est la faute des femmes féministes qui luttent pour leurs droits, leur émancipation et le fait d’être considérées comme des êtres humains et non pas comme des sex-toys, si les 51 hommes présents sur le banc des accusés se sont inscrits sur un forum intitulé "à son insu" puis sont allés en pleine nuit imposer des actes sexuels à la femme inerte de l'un d'entre eux.


C'est en toute logique la faute du féminisme et des féministes, c'est évident, ça coule de source même!



Oui, baser la définition du viol sur la notion de "consentement" est bien une très mauvaise idée, car elle invite à scruter le comportement de la victime au lieu du comportement de l'agresseur, ce qui correspond précisément à la stratégie de l'agresseur: masquer la réalité de ses actes et de ses motivations.


Un viol, c'est le résultat d'un CHOIX fait par un homme: celui d'imposer à une femme une pénétration sexuelle ou un acte bucco-génital en utilisant pour y parvenir la violence, la contrainte, la menace ou la surprise.

C'est l'agresseur que l'on juge, pas la victime.


C'est son comportement que l'on juge, pas celui de la victime.


Il est capital de le rappeler, de le marteler et de systématiquement ramener le sujet sur l'agresseur.


Comme Lundy Bancroft pour les violences conjugales qui nous dit que "La violence conjugale est un problème qui incombe entièrement à celui qui l'exerce." nous affirmons de la même manière:


La violence sexuelle est un problème qui incombe entièrement à celui qui l'exerce.

Et c'est précisément cela que la stratégie patriarcale de diversion vise à nous faire oublier quand elle cherche inlassablement à nous pousser à questionner ce pseudo "consentement" de la victime, y compris quand cette considération est hors sujet.


Dire que la victime était en réalité consentante n'est une stratégie de défense que peut utiliser l'agresseur: prétendre que la victime est une menteuse (ou une abrutie ou une folle) et n'a pas été violée car il s'agissait juste d'une relation sexuelle.


Ce n'est qu'une stratégie de défense.


Et bien sûr qu'ils allégueront que leur victime est consentante, ils l'ont toujours fait et le feront toujours. C'est à nous de ne pas rentrer dans leur jeu et de ne pas nous faire les complices de leur stratégie de diversion.


Cette interview est un bon exemple de ce qu'il ne faut surtout pas faire, tant elle accorde une importance démesurée aux allégations farfelues des accusés, allant jusqu'à considérer que les points qu'ils soulèvent trahissent une faille de la loi, alors que cette affaire n'a même pas encore été jugée et que rien ne permet de dire que leurs arguments seront retenus par la cour...


Si une femme vient porter plainte pour viol, c'est forcément car elle s'estime violée, car de son point de vue on lui a imposé une pénétration ou un acte bucco-génital non désiré, dont elle n'avait pas envie: la question du consentement ne se pose donc tout simplement pas a priori.


Sauf à considérer que toute victime est par nature une menteuse, une affabulatrice ou une cinglée qui vient porter plainte pour rien.


Est-ce là l'idée que nous souhaitons véhiculer?


Ce qui est certain c'est que c'est bien ce message-là que le système patriarcal cherche à véhiculer.


Il est plus que temps de replacer l'agresseur au centre des débats judiciaires et sociétaux concernant les violences sexistes et sexuelles.

Ce qui doit nous occuper, c'est le comportement et les intentions de l'agresseur. On doit scruter ses actes, son état d'esprit, ses motivations, sa vision du monde, des autres, de lui-même... Voilà le sujet du débat: l'agresseur.


Ce ne doit plus être le comportement de la victime et son pseudo-consentement dont la recherche doit devenir nulle et non avenue.


Il est temps de se rappeler que c'est l'agresseur que l'on juge, pas la victime.


Ce que d’ailleurs beaucoup trop de personnes semblent avoir oublié, cette notion de "consentement"mise à toutes les sauces ayant l'air d'avoir retourné l'esprit de certains au point que l'on a l'impression qu'ils sont dans l'incapacité de penser les violences sexuelles hors de ce cadre de pensée.



Ainsi, contrairement à ce que pense ce twittos, il n'est nul besoin de se référer à la notion de consentement pour prouver qu'un acte sexuel a été imposé à une personne.


Comme on l'a expliqué, on examine le comportement de l'agresseur pour déterminer s'il a usé de violence, contrainte, menace ou surprise pour imposer un acte sexuel à autrui...


Nul besoin de se référer à un quelconque consentement...



Pour prendre un autre exemple que celui de l'affaire Pélicot, il a pu être jugé qu'un sexagénaire bedonnant s'étant fait passer pour un fringant jeune homme sur un site de rencontres pour avoir des relations sexuelles avec des femmes (parfaitement "consentantes" pour ces rapports) en les faisant porter un bandeau sous prétexte de jeu de rôle fantasmatique, alors qu'il s'agissait de dissimuler la réalité de son identité, était coupable de viol par surprise.


Pourquoi ?


Car il a utilisé un stratagème élaboré, destiné à le faire passer pour quelqu'un d'autre, un jeune homme séduisant, afin d'imposer des relations sexuelles à des femmes par la ruse.


Il a donc utilisé sciemment, et en conscience, ces manœuvres pour leur imposer un acte sexuel.


Les juges n'ont pas eu besoin d'un changement législatif pour déclarer cet homme coupable, ni d'analyser le "consentement libre et éclairé" des victimes, pour caractériser le viol; considérations qui auraient été complètement hors sujet et indécentes...


Encore une fois le viol est une viol-ence, un acte de domination, ce n'est pas une relation sexuelle "non consentie".


Le viol ne relève pas du domaine de la relation, qui suppose toujours une dimension mutuelle, réciproque et équilibrée.



Les juges ont analysé, comme il se doit, le comportement de l'auteur, pour déterminer s'il avait fait usage de la violence, de la contrainte, de la menace ou de la surprise, donc pour déterminer la stratégie qu'il avait mise en place dans l'intention d'imposer un acte sexuel à la victime: comme il avait bien utilisé des ruses élaborées pour surprendre les victimes, il s'agissait donc d'un viol par surprise.


Encore une fois, c'est l'agresseur que l'on juge, donc c'est son comportement que l'on passe au crible, ses stratégies que l'on analyse.


Oui, il est temps de remettre l'agresseur au centre de l'attention.

Dans cet œuvre, il faut que nous soyons vigilantes pour déceler toutes les tentatives de détourner l'attention, les dénoncer immédiatement pour ce qu'elles sont, de vaines manipulations, des tentatives de noyer le poisson; et il faut ramener systématiquement la lumière sur l'agresseur.


Cette interview, comme toutes les autres interventions qui se réclament du même objectif politique, à savoir faire du consentement le socle de la définition du viol, participe de la mystification patriarcale dont l'objectif est son auto-conservation et le maintien d'un statut quo favorable aux agresseurs.



Il est triste que tant de gens de bonne foi et de bonne volonté se fassent, à leur corps défendant, les complices de cette stratégie d'enfumage, mais c'est hélas inévitable: cela fait pleinement partie des mécanismes de la machine patriarcale.


Le viol redéfini, Catharine McKinnon, p.12


Dans le même esprit que ce qu'explique Bancroft, il faut bien comprendre que la stratégie patriarcale fonctionne comme un tour de magie, un acte de prestidigitation...


L'homme maltraitant est un illusionniste nous dit-il... Et le propre d'un tour de magie c'est qu'une fois que l'on connait le "truc", tout le pouvoir que ce tour avait de nous subjuguer, de nous illusionner en nous faisant croire à sa présentation distordue de la réalité, disparaît instantanément.


Exposer les mécanismes et les rouages de la machine patriarcale est un outil puissant pour affaiblir son impact et son pouvoir: éclairer le plus de femmes possible sur cette mécanique doit donc être l'un de nos principaux objectifs.


 

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